Réformé mais jamais véritablement supprimé, le travail forcé a ainsi perduré sous la Troisième République, le régime de Vichy et dans les colonies passées aux côtés de la France libre. "Vous êtes, comme nous tous, au courant de la mortalité effrayante qui frappe les prestataires employés à la construction des routes de Tananarive-Tamatave, Tananarive-Majunga. La mise en place progressive du travail forcé dans les colonies françaises apparaît alors comme le résultat de deux dynamiques conjointes. Légitimé et défendu, sous la Troisième République, par de nombreux hommes politiques, juristes et professeurs d’université notamment, le travail forcé a, sous différentes formes, été la règle dans les possessions françaises jusqu’à son abolition tardive le 11 avril 1946. Près de 24.9 millions de personnes dans le monde sont victimes du travail forcé. "Dix-sept mille morts, sous les coups de la meute hystérique des contremaîtres européens et de leurs tirailleurs sénégalais, eux-mêmes exténués par les épidémies", écrivait Albert Londres dans son livre Terre d’Ebène paru en 1929 sur l’Afrique coloniale, et notamment sur le travail forcé utilisé pour la construction du train Congo-Océan. CONDITIONS DE VIE ET DE TRAVAIL DANS LES COLONIES Intro : la traite : La dernière étape de la traite est la plus importante : la traversée. Hommes et femmes au travail en métropole et dans les colonies françaises (XIX-début XXe) Bibliographie : • Historiens et géographes, Dossier : Histoire du monde du travail, N° 438, mai-juin 2017. Bilan de cet “exploit”, réputé témoigner de la glorieuse « mise en valeur » du Congo français : 17000 morts « indigènes » pour la réalisation des 140 premiers kilomètres et un taux de mortalité sur ce chantier de 57% en 1928. : Pero LeMaitre fue capturado y sentenciado a trabajos forzados en las colonias. Deux ans avant, naissait Antoine Madounou, professeur d’histoire à … La progression dans les terres des colons nécessite du matériel transporté à dos d'hommes réquisitionnés, avec des coûts humains importants. Voilà qui aide à comprendre les lenteurs de l’Assemblée nationale constituante à la Libération. Cette "deuxième" portion du contingent était celle qu,i mobilisée pour être soldat, était en fait utilisée pour des travaux. Lire l'article > Présentation : Dossier pédagogique qui propose d’étudier le travail forcé dans les colonies françaises comme exemple de réalités de l’empire colonial. (Le Monde, 21 mai 2013). • M. Margairaz, M. Pigenet, Le prix du travail, France et espaces coloniaux, XIX-XXe siècle, Edition de la Sorbonne, 2019. Le travail forcé dans les colonies françaises Objectif méthodologique - Travail sur la présentation des documents: réfléchir sur le statut des documents en fonction de leurs auteurs, de leur contexte de création. Lempire colonial français désigne l'ensemble des colonies, protectorats, territoires sous mandat et territoires ayant été sous tutelle, gouvernés ou administrés par la France. L'un des premiers labeurs imposés aux habitants des colonies d'Afrique de l'Ouest fut le portage. L’esclavage, fondé sur la suprématie raciale du maître « blanc » par rapport à l’esclave « noir » a été légal et officiellement encouragé dans les colonies françaises de 1642 à 1848. Les possessions coloniales ont connu différents statuts et modes d'exploitation ; des colonies antillaises … – Michel Midi avec Emmanuel Wathelet, La Commune de Paris, la banque et la dette, Beaucoup de morts du Covid-19 «auraient pu être évitées»: Michel Collon dénonce à son tour «l’arrogance» occidentale, Frédéric Taddeï interroge Michel Collon sur son enquête consacrée à la crise covid, Bilan 2020 : Michel Collon répond aux questions – Michel Midi, Le vaccin, oui ou non? Et, bien sûr, les travailleurs forcés, comme les esclaves, sont encadrés par des forces de l’ordre, des milices africaines recrutées sur le territoire même et commandées par des Européens", explique l'historien congolais Elikia M’Bokolo dans la revue Histoire. Dans les années 20, le journaliste Albert Londres n’est pas le seul à le dénoncer. Michel Midi avec le chercheur Johan Hoebeke. (…) L’indigène ne peut plus comprendre ni admettre ce servage, cent cinquante après la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et cent ans après l’abolition de l’esclavage. "L’administration prévoyait le nombre de travailleurs dont elle avait besoin pour l’année à venir, puis elle envoyait des miliciens armés dans les villages. Dans un premier temps, une vision européenne du travail est progressivement imposée dans les territoires colonisés. Cela dit, dans les faits, les travailleurs forcés sont réquisitionnés et maintenus au travail sous la contrainte. Histoire du droit du travail dans les colonies françaises (1848-1960) Jean-Pierre Le Crom, Philippe Auvergnon, Katia Barragan, Dominique Blonz-Colombo, Marc Boninchi, Ariane Clément, Stéphanie Couderc-Morandeau, Delphine Connes, Bruno Dubois, Augustin Emane, et al. Si officiellement l’esclavage était interdit, le "travail forcé" était lui légal dans les années 20. Bernard SALVAING. Dans l'empire colonial français, le travail forcé s'est développé légalement avec la généralisation du Code de l'indigénat à partir de 1887. En Afrique française subsaharienne, au xxe siècle, si les diverses formes de travail forcé sont détournées à maintes reprises au bénéfice des colons – en particulier à Madagascar – elles sont avant tout exercées au bénéfice de l’État colonial. Demeurent de pauvres écholalies qui réhabilitent un discours impérial-républicain forgé sous la Troisième République. Qui a livré ce dernier chiffre ? En métropole, ils n’ont de cesse de dénoncer le Service du travail obligatoire (STO) établi par les autorités de Vichy le 16 février 1943 ; dans les colonies, ils trouvent normal d’imposer aux « indigènes » de vingt à vingt-cinq ans reconnus aptes, mais non incorporés à l’armée, un Service obligatoire du travail (SOT). ». Les populations furent bien souvent victimes de razzias, capturées parfois au lasso, et déportées dans certains cas sur des centaines, voire des milliers de kilomètres", rapporte l'historienne Catherine Coquery-Vidrovitch. Rares sont ceux qui, comme la philosophe Simone Weil, ont dénoncé « les déportations massives » des « indigènes » et le recours meurtrier au travail forcé en Afrique française et en Indochine. A mesure que la colonisation avance, on réquisitionne des hommes dans les villages, en privilégiant les plus vigoureux", explique Elikia M’Bokolo. "Dans les premiers temps de la colonisation, le recours au travail forcé fut massif. L’entreprise chargée des travaux ? Le travail forcé dans les colonies françaises ... 11:44. Ce travail pouvait prendre plusieurs formes... qui revenaient toutes à utiliser de la main d'œuvre non payée ou quasi pas payée. Journal "La presse coloniale illustrée", octobre 1925. Il convient donc d’étudier les mesures intervenant en droit du travail pour pallier, dans les colonies françaises, les conséquences de cette rupture de l’équilibre de l’économie politique coloniale à … Même si elle a été souvent modifiée ou encadrée, la possibilité du recours au travail forcé est restée force de loi jusqu'à 1946 où ce code – "honteuse survivance des premiers temps de la colonisation" (journal Ce Soir du 27 décembre 1945) – est aboli avant d'être supprimé par une loi portée par Félix Houphouët-Boigny. Subtilité des sigles et triomphe du relativisme politico-juridique. France Télévisions utilise votre adresse email afin de vous adresser des newsletters. À LIRE AUSSI Ghana : quand la … Réformé mais jamais véritablement supprimé, le travail forcé a ainsi perduré sous la Troisième République, le régime de Vichy et dans les colonies passées aux côtés de la France libre. Rares sont ceux qui, comme la philosophe Simone Weil, ont dénoncé « les déportations massives » des « indigènes » et le recours meurtrier au travail forcé en Afrique française et en Indochine. Décrite dans cette page donnant des arguments à charge Issue d’un site très critique sur les aspects négatifs de l’action de la France vis à vis de ses provinces périphériques. Quelques jours auparavant, ce député était intervenu à la tribune pour dénoncer la situation des « indigènes » toujours soumis à des formes exceptionnelles et particulièrement brutales d’exploitation. Mais LeMaître a été arrêté et condamné au travail forcé dans les colonies. En raison de « l’effort de guerre », les représentants de la France libre, rassemblés dans la capitale du Congo français, décident de prolonger le travail forcé pour une durée de cinq ans ! Si officiellement l’esclavage était interdit, le "travail forcé" était lui légal dans les années 20. À l’exception des anciennes colonies esclavagistes, le travail forcé a été officialisé dans les colonies françaises, de 1900 à 1946. est restée dominée par le régime du travail forcé, reflet de Les responsables de la construction vont réquisitionner celle-ci jusqu'au Tchad. L'utilisation du travail forcé fut cependant progressivement contrôlé, réglementé et encadré au fil des ans, des responsables locaux ou de la couleur des gouvernements parisiens. Réformé mais jamais véritablement supprimé, le travail forcé a ainsi perduré sous la Troisième République, le régime de Vichy et dans les colonies passées aux côtés de la France libre. Stupéfiante régression et grand retour du roman national. La loi Houphoüet-Boigny, signé le 11 avril 1946, apparaît dans les esprits comme une rupture légale fondamentale qui voit le travail forcé disparaître dans les colonies françaises en Afrique. Le développement du travail forcé a suivi les étapes de la colonisation. Au début du 20e siècle, le travail est rationalisé à l'extrême avec des techniques comme le taylorisme : travail à la chaîne, gestes répétitifs et chronométrés. En effet, les hommes et les femmes visés ne sont pas des individus condamnés à une peine privative de liberté prononcée par un tribunal, à laquelle viendrait s’ajouter celle des travaux forcés ; cette obligation concerne les populations civiles de l’empire dont les membres sont « sujets indigènes », soit l’écrasante majorité des individus. Les difficultés du chantier nécessitent une abondante main d'œuvre. recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. (Gallica / BNF). La voie de chermin de fer est finalement construite, mais au prix de plusieurs milliers de victimes travaillant dans les conditions abominables décrites par Albert Londres. Le travail force en Afrique occidentale française (1900-1946) Babacar Fall 1 Dans la première moitié du XXe siècle, la question sociale en Afrique Occidentale Française (A.O.F.) Vérifiez ici si vous ne devez pas vous ré-inscrire. A preuve, les orientations soutenues par Félix Eboué, gouverneur général de l’Afrique équatoriale française, pendant la Seconde Guerre mondiale. Mentions légales et Charte de confidentialité. : Mais LeMaître a été arrêté et condamné au travail forcé dans les colonies. Alliance 8.7: Pour un monde sans travail forcé, sans esclavage moderne, sans traite des êtres humains ni travail des enfants. Usant d’une anaphore qui lui a permis de brosser un tableau précis des pratiques coloniales, il déclarait : « il faut avoir vu ces travailleurs usés, squelettiques, couverts de plaies, dans les ambulances ou sur les chantiers ; il faut avoir vu ces milliers d’hommes rassemblés pour le recrutement, tremblant de tout leur corps au passage du médecin chargé de la visite ; il faut avoir assisté à ces fuites éperdues (…) vers la brousse ; (…) il faut avoir vu ces théories d’hommes, de femmes, de filles, défiler silencieusement, le front plissé, le long des chemins, qui mènent au chantier. le travail dans les plantations de la Martinique, 80 000 à la Guadeloupe et 13 000 en Guyane. En 1835, les instituts religieux ont été supprimés dans les colonies portugaises et leurs biens saisis. Nul doute, les descendants de ceux qui sont morts à l’époque apprécieront la délicatesse de ces propos. Dossier pédagogique qui propose d’étudier le travail forcé dans les colonies françaises comme exemple de réalités de l’empire colonial. Au départ "il s’agit de travaux d’utilité publique : il faut construire des routes et des équipements, porter les affaires des troupes et des administrations coloniales qui conquièrent de nouveaux espaces. ", ONU : Libye, Niger et Zimbabwe récupèrent leur droit de vote après paiement de dettes, Réchauffement climatique : les tourbières du Congo, un piège à carbone à protéger, Congo Belge : les enfants de la colonisation demandent justice, Un braconnier d’éléphants condamné à 30 ans de travaux forcés au Congo. Cette approche évacue unilatéralement l'essence du travail forcé, c'est-à-dire l'exercice d'une contrainte extra-économique pour mettre au travail un individu. C'est cette définition qui a permis à la conférence de Genève de 1930 de repérer cinq formes de travail forcé en vigueur dans les colonies. Tout comme André Gide et Albert Londres une quinzaine d’années auparavant. "L’esclave est le bien de son maître. Il y avait "la réquisition, la prestation (rétablissement pour les Africains de la corvée abolie par la Révolution), la main d’œuvre pénale, l’obligation de cultiver, la deuxième portion du contingent", précise Une autre histoire. Dans les colonies, les indigènes sont soumis le plus souvent au travail forcé dans les mines ou dans les champs. Ce n’est qu’en 1946 que le travail forcé sera interdit dans les colonies françaises, espagnoles et portugaises. Chaque matin à 7h30, recevez l'actu du jour dans votre boîte mail. Cette sinistre réécriture de l’histoire prospère avec la caution de quelques faiseurs de livres – A. Finkielkraut, P. Bruckner et E. Zemmour, notamment – qui prennent leur ignorance et leurs audaces prétendues pour de brillantes découvertes. Joli tableau, n’est-il pas, de la très glorieuse colonisation française toujours présentée, par de nombreux contemporains, comme une entreprise généreuse destinée à apporter la civilisation aux peuples qui en ignoraient jusque-là les bienfaits. De là ces indignations sélectives et hexagonales cependant que dans les possessions ultra-marines la condamnation cède le pas à l’acceptation.